La chambre vingt-quatre est déserte
Dernier cloître du couloir,
Pièce rivée à ton étage,
Etage encastré dans un chaos de cloisons.
Seul ton rideau exalté par le vent
Connait l’extase du mouvement
Mais la tringle serre les dents sur le polyester
La journée est claire,
Le soleil dense et magnanime,
Le ciel montre ses poings fumants
Il les promène sur la voute azurée
Sur le lit un foulard plié
Qui était là ? Qui s’est tiré ?
Il y a des ordures qui
Jonchent le sol,
Une fleur fanée
Ronge l’émail de l’évier,
Ses pétales s’écoulent l’un après l’autre,
Par une canalisation trouble.
Un reflet aigue-marine
Le trou béant mousse
La moquette ondule sous le vent
La fenêtre baille et tire la langue
En voilages froncés et clairs
Devant le jour pâlissant
Le vent hurle sur la pièce —
Pas une âme
Ni entre les draps blancs,
Ni sur le sol glissant
De la baignoire olivâtre ;
La poubelle regorge de Sopalin
Entendez-vous le vent souffrir,
Quand les ailes des avions le traversent ?
Devant l’hôtel, devant la seule
Echancrure de cette chambre
Le corps plâtreux d’un Dieu innocent
Moulé dans un justaucorps d’acier
Il salue la poignée médusée de la fenêtre,
Une feuille rougie tombe sur le tarmac ;
Le rideau tremble, il fait froid
Voyez la fumée sur l’aile droite
Au-dessus du lit de la chambre 24 ;
L’hôtel s’abîme dans le ciel doré;
Les nuages s’écartent.
Sur l’évier de la chambre du 4ème
Un robinet mal fermé regarde
L’avion chuter